BIOGRAPHIE - JACQUES GOLDSTYN
Né à Saint-Eugène-d’Argentenay, au Lac-Saint-Jean, j’ai grandi à Montréal. Diplômé en géologie, j’ai travaillé dans les mines d’or en Abitibi et dans le pétrole en Alberta. Je suis un jour revenu à Montréal et à mes premières amours : le dessin. Je collabore au magazine Les Débrouillards depuis ses débuts ainsi qu’à plusieurs publications de vulgarisation scientifique. Je signe des caricatures politiques sous le nom de Boris et j’ai commis quelques contes à La Pastèque comme Le petit tabarnak, L’arbragan et Azadah. Je suis fasciné par l’histoire et par les églises dans lesquelles je m’installe parfois pour dessiner. Si vous allez à l’église Notre-Dame-de-la-Défense près du marché Jean-Talon, n’oubliez pas de jeter un coup d’oeil à la voûte tout en dégustant une sfogliatella achetés dans la pasticceria en face.
Site Internet : goldstyn.tumblr.com
DATE
22 novembre 1933 — Date de fin de création de la fresque de Guido Nincheri (1930-1933) à l’église Notre-Dame-de-la-Défense (anges et saints avec Benito Mussolini)
INTERPRÉTATION
Lorsque je reçois des visiteurs de l’étranger, je les emmène toujours découvrir des lieux méconnus de Montréal. Ma participation à cette exposition était l’occasion de partager un endroit anachronique, liturgique, politique et amnésique.
L’abside de l’église Notre-Dame-de-la-Défense dépeint un tableau hallucinant d’une multitude de prélats, d’anges, de saints et de papes. Ce qui attire l’attention, c’est un Mussolini à cheval entouré de son Quadriumvirat, ses quatre fidèles compagnons d’armes, parmi lesquels Emilio De Bono qu’il exécutera le 11 janvier 1944. L’idée que tant de mariages, de baptêmes et de premières communions ont été célébrés sous l’oeil bienveillant d’un tyran fasciste, responsable de centaines de milliers de victimes et complice de Hitler jusqu’à sa mort, me laisse pantois.
Lorsque je montre ce tableau, ce qui me fascine, c’est la réaction diamétralement opposée des visiteurs de ces lieux. Ou bien ils sont indifférents et souvent ignorants des événements de l’histoire. Ou alors ils sont littéralement renversés qu’une telle peinture (unique au monde) ait pu être préservée. Voilà un sujet qui m’indigne et qui m’inspire. Là-dessus, allons acheter une sfogliatella à la pâtisserie d’en face et que nous mangerons en faisant des miettes dans l’église. On n’en est pas à une profanation près…